Séverin, chansons d'amour et de samba
Séverin, chansons d’amour et de Samba
Par Marie-Catherine Mardi / RFI Musique
On avait suivi de loin ses débuts discrets dans la chanson, l’oreille distraite par le "trop" d’électro pop qui prenait le pas sur une écriture hésitant encore à se frotter au français. Trois disques plus tard, Séverin a pris ses marques. Résultat : beaucoup de ballades, un peu de samba, et un très abouti Ça ira tu verras.
Séverin a débuté sa carrière il y a une dizaine d’années avec One-Two, groupe electro pop à deux têtes mené avec le chanteur Lafayette, et signé le temps de deux albums sur le label berlinois Four music, avant de se lancer en solo. Ou presque, car dans Cheesecake, le premier disque sorti sous son nom en 2009, le Parisien restait planqué derrière les jolies voix des quatorze chanteuses (dont un bébé) qu’il avait invitées.
Il aura donc fallu attendre qu’il ose écrire en français, loin de ses influences musicales de prédilection, pour s’approprier enfin le micro. Après avoir déblayé le terrain avec L’Amour triangulaire, esquisse pop acidulée de son successeur Séverin, sorti en 2012, et collaboré avec quelques jeunes chanteuses françaises (Liza Manili, notamment), voilà que l’auteur-compositeur-interprète semble aujourd’hui avoir trouvé sa place, les deux pieds bien ancrés dans une chanson francophone… qui s’encanaille du côté de la frontière brésilienne.
Une ligne pas tant imaginaire - il en a découvert les musiques auprès de sa compagne - qui apparaît dès l’ouverture de Ça ira tu verras, avec son titre éponyme, et s’impose l’air de rien comme le cocon de charme du disque. Car à y regarder de près, les thèmes abordés sont parfois aussi sérieux que délicats. Il y est question d’amour, de filiation, de deuil aussi. Le marasme de la séparation amoureuse des Hommes à la mer y côtoie la demande en mariage lumineuse de Parasol (chanson intermédiaire d’un triptyque annoncé, amorcé sur l’opus précédent). Amélie chante le désir et l’angoisse de la maternité tandis que Poli et Ton ADN mettent à distance autant qu’elles réconcilient disparition et ascendance…
Mais quand France s’impose comme un geste de tendresse patriotique désenchantée, Contrôle ta samba (en duo avec Philippe Katerine) et France-Brésil jouent les récréations qui chaloupent. Joli point d’équilibre d’un disque qui par sa douceur mélodique et sa spontanéité laisse dans son sillage l’envie d’en fredonner les chansons. Y compris celles qui parlent de rupture – puisqu’elles gagnent leurs lettres d’espoir sur un air de bossa-nova.C’est là l’atout poétique de cet album. Celui dont les Le Forestier, Souchon ou autre Louis Chedid ont le secret. Savoir enrober joies et peines d’un taffetas assez soyeux pour qu’on ait envie d’en écouter toutes les histoires en boucle. Séverin confie qu’à 18 ans, il voulait être Jacques Demy – puisque dans le milieu qui l’a vu naître, "chanteur" n’était pas perçu comme une idée "plausible" -. Cet habit-là lui va finalement comme un gant. Séverin Ça ira tu verras.
En concert au théâtre d'O jeudi 9 novembre à 20h, entrée sud, arrêt de tramway Château d'O
Par : Marie-Catherine Mardi