Dix-huit heures. C’est une jolie heure dans le parc du domaine d’O : la lumière se teinte d’or, les ombres des cyprès s’allongent. Et dix-huit heures, ce fut toujours un beau moment pour le Printemps des Comédiens : l’heure où les familles franchissent les grilles du parc, où des grappes d’enfants dégringolent les allées… Car que serait le festival sans ces rendez-vous à la bonne franquette, entre cyprès et micocouliers, entre goûter et apéritif, entre tréteaux et gradins de bois ? Que serait le festival sans cirque, petit, grand, qu’importe l’appellation : la différence ne se fait pas à la performance, plutôt au nombre d’artistes. Ici ils sont cinq. Cinq à composer la compagnie Kadavresky, deux plutôt musiciens, trois plutôt acrobates, mais tous comme un seul et même corps. Un corps aux performances qui rendent définitivement caduques les distinctions entre grand ou petit cirque. Imagine-t-on faire des sauts périlleux -très périlleux, pour le coup- avec des skis aux pieds ? Ou de la voltige sur une table chargée d’éphémères constructions de bois ? Ou de la jongle, comme disent les footeux, avec six ou sept balles ? Imagine-ton nimber tout cela d’une espèce de grâce qui rend la prouesse physique invisible et comme allant de soi ? L’effet escargot est, cette année, le seul rendez-vous de dix-huit heures. Courez-y a-t-on envie de dire malgré son intitulé.