Illustre père, illustre Théâtre, illustre relation avec le Roi… Rien autour d’Esprit-Madeleine Poquelin, 8 ans, n’avait la dimension ordinaire d’une vie de petite fille. Son père était adulé à la Ville comme il l’avait été à la Cour. Il voulait qu’elle joue avec lui le petit rôle de Louison dans ce Malade Imaginaire qui allait le voir mourir (ce qu’elle refusa)… Molière était partout. Et puis il était mort, en scène ou peu s’en faut, laissant sa jeune femme, sa toute jeune fille, seules face à la clameur de la postérité. Et comment vit-on sa vie quand on n’a d’identité qu’en tant que fille de… ? La pièce de Giovanni Macchia, c’est cela : l’introspection d’une femme qui choisit le silence et le retrait quand ses parents vivaient dans la lumière et le fracas. De ce monologue surgissent pêle-mêle les échos de la gloire, les rumeurs sordides sur le couple Molière-Armande, l’ombre portée du génie, la détestation de quelques uns, l’adulation de la plupart. Peut-on alors, quand tous ces rayons convergent vers vous, unique titulaire du nom mythique de Poquelin, n’être qu’Esprit-Madeleine, femme ordinaire sous le règne du Roi Louis XIV ? Ariane Ascaride donne une dimension frémissante à cette vie recluse qu’assaillent toutes les curiosités. Belle actrice, beau texte, belle réflexion sur le théâtre et la vie. Sur le théâtre de la vie.