Expérience sensorielle... Evénement... On finirait par galvauder le mot tant cette trentième édition du Printemps en accueille, des événements, tous servis par des créateurs-stars de la scène européenne. Et pourtant : la venue de Simon McBurney est bien à ranger sous cette appellation. Acteur, metteur en scène, constant défricheur de nouvelles pistes théâtrales, il avait signé à Avignon, avec sa compagnie Complicite, un effarant Le Maître et Marguerite où le spectateur voyait de ses yeux le grand mur de la Cour d’Honneur s’effondrer...

Ne pas en croire ses yeux. Ni ses oreilles. Ce pourrait être le credo de Simon McBurney qui, pour La Rencontre, a agencé une complexe machinerie de sons, de lumières et d’images dans laquelle le spectateur s’embarque pour un fulgurant voyage immobile. Un casque audio sur la tête, les yeux rivés sur une scène où le dispositif est pourtant minimaliste, le voici quelque part dans la forêt amazonienne à la rencontre de tribus perdues.

Voyageur sensoriel, voyageur de l’imaginaire, sursautant constamment aux mille bruits de la forêt, aux brusques embardées du temps et de l’espace, ainsi va le spectateur au long de ce moment de théâtre -si le mot s’applique encore-qui est comme une bulle d’émerveillements dont il sort chaviré.

C’est à une vertigineuse méditation sur le temps, l’évolution humaine et l’état actuel de cette évolution que conduit Simon McBurney avec cette «Rencontre».

Fabienne Darge - Le Monde