Dans un pauvre village du Se-Tchouan Dieu cherche une bonne âme qui lui offrira le gîte et le couvert. Il ne trouve que Shen-Té, la petite prostituée. Récompensée, elle reçoit 1000 dollars et ouvre une boutique de tabac qui lui fera découvrir la face la plus sombre de ses contemporains. Shen-té s’invente un double, un cousin exploiteur. Réécrit, dépoussiéré, dansé et chanté par une jeune troupe au talent explosif, le texte de Brecht rarement monté, se pare d’une actualité joyeuse et terrifiante.

Grande pièce de l’exil, La Bonne-Âme est assez rarement représentée. La complexité du propos et des différents moments scéniques en est probablement la cause. En situant sa pièce dans une région reculée d’une Chine alors méconnue, il en commence l’écriture en 1938, Brecht plante un décor universel, symbole de l’éternelle misère du peuple et du prolétariat. Son propos dépasse largement le simple récit d’une belle histoire de bonté et de récompense. Seule face à la noirceur, la lâcheté et la veulerie de ses compagnons de misère, à leurs embrouilles parfois comiques, l’ancienne petite prostituée devenue marchande de tabac ne peut sauver son âme et ses principes. Elle doit se créer un double, son exact opposé, un cousin dur en affaires, exploiteur et sans scrupule. Pivots de la pièce, les deux personnages antinomiques en font toute sa richesse.

Presse

« La poésie de la scénographie (signée Bellorini) et l'élégance effrontée des costumes (de Mâcha Makeïeff) ajoutent à la beauté de ce spectacle porté par une troupe audacieuse. Dans le drame, les comédiens-chanteurs ont su glisser des saynètes pleines d'ironie sur notre monde, nées de nombreuses semaines de répétitions où tout partait des acteurs et d’improvisations. »
Laurence Boutreux, AFP, 5 novembre 2013

« Brecht (…) offre la matière idéale à la compagnie pour assouvir son intenable créativité. Il y a dans cette troupe tant de fougue, de poésie, de folie, de talents qui ne demandent qu’à exploser. »
Bénédicte Soula, Le Brisadier

« A l’image de Brecht, Jean Bellorini se fait l’écho d’un théâtre total : métaphysique et poétique, qui pourfend la bonne morale pour questionner le monde. D’où ce désir de remettre au goût du jour La Bonne âme du Se-Tchouan, un virage philosophique dans l’œuvre du dramaturge allemand. »
Florian Bardou, Aparté, 9 octobre 2013

« Le spectacle confirme l’intelligence et le sens du plateau de Jean Bellorini. »
Armelle Héliot, Le Figaro, 8 novembre 2013

Bertolt Brecht

Bertolt Brecht est né en 1898 en Bavière et est mort en 1956 à Berlin-Est. Comme nombre de ses contemporains, il est marqué par l’horreur des combats de la Première Guerre Mondiale, à laquelle il participe comme infirmier à Augsbourg, sa ville natale. Il écrit ses premières pièces Dans la jungle des villes, Baal et Tambours dans la nuit, à Munich entre 1918 et 1922 et s’installe à Berlin en 1924. Dramaturge au Deutsches Theater de Max Reinhardt, il connaît son premier grand succès avec L’Opéra de quat’sous en 1928.
Il commence, à cette époque, à élaborer sa théorie du théâtre épique.
A l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933, il fuit l’Allemagne et est déchu de sa nationalité. Exilé à Prague, à Zurich et à Copenhague, il s’établit en Finlande en 1939 où il écrit La Bonne âme de Se-Tchouan. Il passe la seconde Guerre Mondiale aux Etats-Unis où il écrit Maître Puntila et son valet Matti, La Résistible Ascension d'Arturo Ui, Mère courage et Le Cercle de craie caucasien. En 1947, il comparaît devant la commission des activités anti-américaines et quitte les États-Unis pour la Suisse.
En 1948, il se rend à Berlin-Est et fonde, l’année suivante le Berliner Ensemble au sein du Deutsches Theater.