C’est l’histoire d’un jeune prince qui refuse le trône que son père veut lui céder et qui demande la lune. Il y amènera une maladie inconnue et redoutée, l’amour. On ne vous en dit pas plus. Il faut voir cette fantaisie burlesque d’Offenbach inspirée par les célèbres romans de Jules Vernes. Adapté par Olivier Desbordes qui y glisse de nombreuses allusions à l’actualité contemporaine, Le Voyage dans la Lune, survole avec brio des époques aussi différentes que le XIXème siècle parisien, l’affolante société de consommation des années 60 et la douce folie hippie de la décennie suivante. 

Dix ans après De la Terre à la Lune, de Jules Verne, Offenbach compose cette féérique comique. Le prince Caprice, peu désireux de gouverner, demande « la lune » à son père qui finit par l’y envoyer. Sur Sélène, la lune, peuplée de Sélénites, les Terriens découvrent une société où l’amour n’existe pas. On n’y fait pas les enfants, où on les achète. les femmes y sont soit des ménagères, soit des objets de luxe. L’arrivée des Terriens, qui emmènent avec eux la pomme, l’amour et les complications qui en découlent, va bouleverser l’ordre établi. 

Le succès de cette œuvre à sa création en 1875 est autant dû au livret drôle et poétique qu’aux mélodies d’Offenbach et à la magie des effets scéniques.
Dans cette opérette féérique, Offenbach profite de l’influence de Jules Verne, très à la mode à l’époque. Jules Verne, lui-même, montait des « grands » spectacles à partir de ses romans permettant au gens de voyager !
Créé dans les années de l’après Commune de Paris, lorsque la bourgeoisie conquérante se passionne pour les nouveautés technique et le progrès scientifique, Le Voyage dans la Lune est une rêverie féérique dotée d’un grand pouvoir critique et caustique. Une composante dont se joue habilement Olivier Desbordes en adaptant le texte à une époque plus proche de la nôtre.
Après une première partie « en noir et blanc » inspirée du célèbre film de Mélies (1902), la société de la lune est, dans un premier temps, composée dans un univers glacial et géométrique, semblable aux célèbres salons des arts ménagers des années 50 et 60. Tout change avec l’arrivée de l’amour. Le spectacle se termine à Woodstock, en pleine période hippie et de libération des mœurs.