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Vincent Delerm, artiste protéiforme

Delerm où la passion de la photographie

À défaut d’être un véritable tic, enfermer les gens dans les cases – et encore plus les artistes – est une tradition bien gauloise qui a toujours passablement irrité Vincent Delerm. À l’étroit donc dans sa case estampillée "chanteur français", il n’a cessé de percer régulièrement de petites fenêtres. Il y a eu notamment Le Fait d’habiter Bagnolet, sa pièce de théâtre écrite en 2001. Puis, dix ans plus tard, l’aventure Memory avec Macha Makeïeff ou bien encore, la même année, ce Leonard a une sensibilité de gauche, étonnant livre-disque destiné aux enfants et dans lequel il embarquera un récitant nommé Jean Rochefort... L’automne dernier enfin, parallèlement à son sixième album, A présent, le fan de Fanny Ardant publiait trois petits livres chez Actes Sud : Songwriting, L’Été sans fin et C’est un lieu qui existe encore. Trois ouvrages conçus avec la plume de ses chansons mais surtout avec son œil et son appareil photo. Comme une évidence pour celui qui aime à rappeler que la photo, c’est sa case manquante, "ma façon d’exprimer ce que je ne peux pas décrire en chanson."

Vincent Delerm ausculte le paso doble intime entre la musique et les images. Des chansons comme des photographies ; à moins que ce ne soit l’inverse... Ceux qui le suivent depuis son premier album éponyme publié en 2002 dégustent la plupart de ses paroles comme on feuillette, avec un soupçon de nostalgie, voire de mélancolie, un album photo. Cette photo qui n’est guère une lubie récente mais plutôt une passion qui n’a cessé de l’accompagner, lui qui intitulera même Martin Parr l’une des chansons de son album Quinze chansons en 2008. Des photos simples – jamais simplistes – pour ce chanteur de la vie quotidienne qui aime l’argentique comme d’autres ne conçoivent que le disque vinyle. Des photos également pour mieux revenir à la chanson. "À chaque fois que j’ai fait quelque chose en dehors de la chanson, j’y suis ensuite revenu comme un malade parce que c’est quand même le format idéal, celui en tout cas qui me convient le mieux ", déclarait-il aux Inrockuptibles il y a quelques mois.

… Alors que la photographie occupe actuellement une place prépondérante dans la société, Vincent Delerm larde sa musique et ses chansons de ses propres photos, de celles des autres et même de tirages d’inconnus achetés en lot, par hasard. Une démarche finalement logique pour celui qui dresse avec ses mots des tableaux réalistes et intimes de son parcours et fait partager ses doutes et ses joies... Marc Zisman, pour la Philharmonie de Paris.

Vincent Delerm est au domaine d'O samedi 30 septembre !